WestWorld : la nouvelle tuerie de HBO
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WestWorld, une énième excellente série HBO, sort en DVD en novembre après avoir été diffusée sur OCS en France. Et même si c’est compliqué sans spoiler, on va tenter de vous expliquer pourquoi c’est LA série du moment à ne surtout pas rater.

WestWorld s’inspire à la base d’un film de Michael Crichton, Mondwest, sorti en 1973. Il a pas mal vieilli (et pas très bien), du coup, vous ne risquez pas de le voir sur une grosse chaîne, mais on peut encore l’apercevoir dans les profondeurs de certaines box. L’on y découvre Yul Brynner en train de jouer les robots détraqués de manière assez froide et monolithique.
Cependant, l’idée de base reste franchement enthousiasmante : imaginez un parc, un monde presque, où une époque lointaine est reconstituée à l’aide de cyborgs ultra-réalistes. En tant que visiteur, vous avez la possibilité de tout faire dans ce monde. Tout, cela veut dire tuer, violer, aller aussi loin que vos fantasmes vous le permettent. Car ce qui se passe à WestWorld reste à WestWorld… les hôtes ne sont là que pour vous servir.

La série TV, créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy (que Thomas vous avait déjà vivement conseillée dans ce Digest, rassemblant les coups de cœur 2016 de la rédac), reprend donc le sulfureux concept et le développe de manière incroyablement riche, grâce notamment à un scénario surprenant et intense.
Voyons déjà le casting, franchement réussi. L’on retrouve, dans les rôles principaux, des pointures tels que Ed Harris ou Anthony Hopkins, excellents tous les deux. Les acteurs plus jeunes ne sont pas en reste, avec de belles prestations de la part de Rodrigo Santoro, James Marsden ou Evan Rachel Wood. Le moindre second rôle est soigné, tant dans l’interprétation que l’écriture.


WestWorld va bien plus loin que le film d’origine en cela que l'histoire permet de suivre non seulement des visiteurs, aux buts différents, mais aussi les équipes techniques responsables du parc (qui se tirent un peu dans les pattes) ainsi que les « hôtes » eux-mêmes.
Ce sont ces derniers qui offrent la thématique la plus intéressante, à savoir : à partir de quand peut-on considérer qu’une intelligence est consciente ? Donc, digne de respect. L'on sent d'instinct que cette question fascinante ne sera pas résolue aisément.
Les auteurs nous entraînent ainsi à travers de nombreux thèmes, allant de la mémoire, à l’utilité de la souffrance, en passant par la définition du réel. C’est du putain de divertissement intelligent (il est impossible de trop en dire sous peine de dévoiler des éléments qu'il sera jouissif de découvrir peu à peu) et bandant !

La première saison possède une réelle fin que l'on voit certes un peu venir mais qui a l’avantage de se suffire à elle-même et d’être aussi tragique que belle.
Alors, les acteurs, OK, l’écriture, OK, mais c’est loin d’être tout. La réalisation est somptueuse, avec des décors grandioses, des effets spéciaux parfaits, un souci du détail qui se retrouve jusque dans le générique, probablement l’un des plus réussis depuis celui de Game of Thrones (la musique est d’ailleurs du même compositeur, qui ne s’est pas foulé, parce que la filiation mélodique est évidente). L’environnement musical, au niveau de l’atmosphère des scènes, est lui aussi travaillé et permet même de différencier certains évènements a priori « identiques » afin de leur donner une couleur distincte (vous comprendrez pourquoi en regardant la série).


Les références, explicites ou implicites, sont assez nombreuses et habilement disséminées. Les auteurs puisent dans la culture classique et populaire, avec le si sinistre mais élégant leitmotiv "These violent delights have violent ends", du sieur Shakespeare, ou un clin d'œil appuyé à Alice au pays des Merveilles. L'on peut bien évidemment trouver des parallèles avec le film originel (la société Delos, une silhouette faisant penser au personnage de Brynner, etc.). Enfin, la thématique même renvoie à d'autres œuvres, notamment Matrix. En effet, si Matrix mettait en scène des humains piégés dans une réalité virtuelle, WestWorld prend le contre-pied en décrivant des intelligences artificielles piégées dans une réalité atrocement violente et répétitive. Dans les deux cas, le questionnement sur la nature du réel ou la véritable liberté individuelle sont présents.  

La première saison comprend seulement 10 épisodes, mais ils sont assez longs (aux alentours de 60 mn, 90 pour l’épisode final). Certains évènements se voient un peu venir mais n’allez surtout pas vous spoiler l’essentiel de l’intrigue, qui offre de très bons et beaux moments.
Reste à savoir si la saison 2 sera aussi jouissive et bien écrite. Le fait que les producteurs aient pris leur temps (au moins deux ans entre les deux saisons) est plutôt rassurant.
À la fois romance, série de science-fiction, western, thriller philosophique et drame humain, WestWorld démontre encore une fois la capacité de HBO à produire des récits d’une qualité stupéfiante. 

Achat très vivement conseillé, d'autant qu'une deuxième vision permet d'appréhender certaines scènes d'une manière très différente et que les coffrets contiendront apparemment un bon paquet de bonus (dont un bêtisier, assez inattendu, mais qui peut révéler de bonnes surprises).  
Sortie : 8 novembre 2017, en DVD (37,50 €) et Blu-Ray (49,99 €).




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un concept riche et passionnant.
  • Énorme casting.
  • Intelligent, divertissant, poétique et émouvant.
  • Décors et effets au top.

  • Quelques retournements de situation un peu prévisibles, mais rien de grave.