La dernière arnaque en date de Panini Comics
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Encore un coup de gueule contre Panini Comics ? Eh bien oui [1]. Un article entre le billet d'humeur et la critique classique d'un ouvrage sorti le 11 avril dernier : Avengers - Infinity War : le prologue du film.

Rien d'extraordinaire a priori puisque l'éditeur nous a habitué à chaque sortie d'un long-métrage du MCU à publier au format kiosque (donc pour un prix allant de 4,90€ à 5,90€ en moyenne) de petites histoires parallèles, se déroulant souvent avant le film et très justement nommées « prologues » (d'une qualité souvent moyenne et destinées avant tout aux complétistes). Le troisième volet d'Avengers n'échappe pas à la règle. Alors pourquoi cet agacement ? Tout simplement parce que ce nouveau titre est sorti au format cartonné en librairie et grandes surfaces pour 9,95€, une aberration puisque le livre contient seulement 96 pages d'une part, et un contenu complètement dispensable d'autre part.

Avengers - Infinity War : le prologue du film se scinde en trois parties. La première est un chapitre de 20 pages seulement (Marvel's Avengers : Infinity War - Prelude 1 en version originale) montrant en bande dessinée la fin du film Captain America : Civil War puis la « suite » des aventures de Steve Rogers. Qui tiennent sur 7 pages (!) au cours desquelles nous le voyons plus longuement au Wakanda avec Black Panther, puis en mission en Syrie avec le Faucon et la Veuve Noire. C'est tout.

La seconde partie tient elle aussi sur 20 pages (Marvel's Avengers : Infinity War - Prelude 2 donc) et se focalise sur Stephen Strange qui s'intéresse aux Pierres de l'Infini. Le récit s'attarde sur chaque artefact en évoquant les évènements liés aux films où elles étaient mises en avant. On (re)voit donc sans surprise toutes les scènes importantes liées au MCU et à ses Pierres de l'Infini convoitées par Thanos. La suite est donc à découvrir dans le film (réussi au demeurant !). Il était légitime de penser qu'on lirait plutôt le débarquement de Thanos dans le vaisseau de Thor par exemple, ce qui connectait la fin de Thor : Ragnarok au début d'Avengers - Infinity War. Il n'y a aucun réel « prologue » ici.

Arrivé à la moitié du livre, Panini Comics propose l'épisode 1 d'Infinity. Environ 45 pages qui sont décrites, en quatrième de couverture, comme « un épisode qui a inspiré la création des Enfants de Thanos, le groupe de guerriers qui accompagne le vilain dans le film ». Alors oui, très bien, c'est d'ailleurs une excellente bande dessinée (qui n'est déjà plus disponible alors qu'elle est sortie en 2015 — une habitude chez Panini qui (leur) permet de prendre peu de risques et de frustrer un grand nombre de fans et clients) mais qui manque cruellement de contexte pour le lecteur novice (à qui s'adresse en premier lieu ce comic) et qui, surtout, n'a pas grand-chose à voir avec le long-métrage des frères Russo.

Le plus surréaliste est qu'il n'y a aucune note éditoriale qui vient expliquer ce qu'est ce chapitre : ni où lire sa suite (et même ce qui se déroule avant, dans certaines séries de la collection Marvel Now), bah oui n'oublions pas qu'en plus, elle n'est plus en vente ! Seul un petit mot, toujours en bas de la quatrième de couverture, évoque qu'il s'agit d'une histoire datée de 2013. Cela n'empêche pas la qualité intrinsèque du chapitre mais ne pas révéler qu'il n'a strictement aucun rapport avec Avengers - Infinity War et qu'il s'agit juste de l'introduction d'une autre saga, qui fait suite à diverses aventures (des Avengers sur papier), est profondément malhonnête.

Cette absence de justification, peu surprenante de l'éditeur, se retrouve même sur leur page Facebook où les Community Manager restent étonnamment muets ou peu transparents sur le sujet (avec leur condescendance habituelle). À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous n'avions pas trouvé de réelle critique sur le contenu et le livre en lui-même. Osons dire qu'on s'est un peu sacrifié et délesté d'une dizaine d'euros pour prévenir les potentiels acheteurs (on va peut-être d'ailleurs aller se faire rembourser) de ce sentiment d'arnaque particulièrement agaçant et gênant.

L'intérêt marketing se situe sans doute dans la volonté de séduire un public très jeune, accompagnant les parents qui effectuent leurs courses dans les supermarchés, ou bien, comme toujours, de toucher un plus large public que la bulle de connaisseurs habitués aux kiosques. Étonnamment, l'éditeur ne propose même pas ses autres livres pour « aller plus loin » et « découvrir d'autres histoires sur les Avengers » ! Un comble car c'était là l'occasion rêvée qui relève d'un bon sens évident dans le monde de l'édition. Mais ça se saurait si Panini Comics rimait avec bon sens et respect de ses lecteurs…



[1] Attention, nulle envie de notre part de perdre du temps à entretenir le mythe du « Panini bashing » (mythe, puisque le bashing consiste à s'attaquer, en meute et sans aucun élément concret, à un individu isolé, Panini est bien loin de correspondre à cette définition, presque chacune de ses publications fournissant des armes à ses légitimes détracteurs), bien au contraire, nous avons toujours relevé quand l'éditeur faisait son travail correctement (cf. cet article par exemple). Il s'agit ici d'une information que l'on juge indispensable pour les potentiels acheteurs qui hésiteraient à se procurer ce livre (parce qu'on ne va pas se mentir, on préfèrerait utiliser notre temps à meilleur escient, mais c'est notre petit côté altruiste).


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La couverture est sympa…

  • Le prix (9,95€) pour moins de 100 pages, ce qui n'est pas honteux en soi mais très différent du traitement kiosque habituel.
  • Rien de réellement inédit.
  • On n'apprend pas grand-chose d'ailleurs. 
  • Pas vraiment un « prologue ».
  • Aucun texte éditorial avant ou après les récits pour contextualiser certains éléments…
  • … ce qui peut fortement induire en erreur les plus novices.
  • La moitié du livre déjà publiée chez le même éditeur.
  • Un sentiment d'arnaque total assez violent.