Y, The Last Man
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Retour sur une excellente série, Y, Le Dernier Homme, qui conte les aventures mouvementées de Yorick, dernier représentant de la gent masculine dans un monde exclusivement peuplé de femmes.

Le label Vertigo est véritablement un vivier de comics culte (cf. cette encyclopédie) dans lequel l'on peut trouver des tonnes d'excellentes séries, couvrant de nombreux genres (SF, western, fantastique, polar...). Dans le lot, il serait dommage de passer à côté de Y, The Last Man, un titre surprenant et addictif.
Au scénario, Brian K. Vaughan (Runaways, Buffy, Saga). Les dessins sont de Pia Guerra.
Les premiers épisodes ont été publiés par Semic, puis Panini, avant qu'Urban Comics ne reprenne la main (et accessoirement les droits) et réédite le tout dans une intégrale Vertigo Essentiels.
Mais commençons par nous pencher sur l'histoire.

Yorick est un jeune homme charmant, un peu glandeur et passionné de tours de magie. Plutôt désordonné et maladroit, il a même du mal à s'occuper de son singe, Esperluette, qui n'hésite jamais à lui balancer quelques crottes à la tête. Le genre de type qui n'est pas franchement destiné à devenir célèbre. Pourtant, du jour au lendemain, il devient l'homme le plus convoité au monde. Pour la bonne et simple raison qu'il est - si l'on fait exception de son animal de compagnie - le seul mammifère mâle encore en vie sur la planète.
Ce monde post-apocalyptique dans lequel il va évoluer est donc entièrement constitué de femmes, ce qui a certes quelques avantages, mais aussi malheureusement de gros inconvénients.
De parfait anonyme, Yorick devient le seul espoir de survie de l'humanité. Flanqué d'une spécialiste en clonage et d'une experte en combat, membre de l'organisation secrète Culper Ring, il va devoir, à travers le pays et bientôt le monde, se mettre en quête de réponses tout en échappant aux pires dangers. Car si les hommes ont été éradiqués, leur folie n'a pas succombé avec eux. Ainsi, les Filles des Amazones, une organisation extrémiste, et même un commando israélien vont tenter de mettre la main sur... le dernier homme.


Vaughan développe ici un récit varié et passionnant. Malgré parfois quelques épisodes un peu "en dessous", il maintient un véritable suspense tout au long de la saga, riche en rebondissements bien amenés. Yorick ne manque pas d'humour, il fait des rencontres plutôt hautes en couleur, les dialogues sont très bons, l'action n'empiète nullement sur la psychologie des personnages, et l'on a droit en prime à quelques histoires d'amour et une explication du phénomène (à l'origine de la disparition des hommes) qui, si elle est un peu tirée par les cheveux, n'en reste pas moins présente (tous les auteurs ne s'en embarrassent pas forcément). Mine de rien, Vaughan aborde un paquet de sujets sociétaux (le clonage, le féminisme, la politique en général) et parvient à les éclairer d'une manière personnelle et pertinente.
Les dessins, s'ils ne sont pas désagréables, souffrent un peu d'une certaine simplicité par moments, en ce qui concerne notamment les décors. Les visages manquent également de diversité, difficile par exemple de s'y retrouver dans le paquet de jeunes femmes blondes qui jouent un rôle dans le récit.

Quelques défauts donc, qu'il est légitime d'évoquer, mais surtout un véritable bon moment de lecture, encore amplifié par une fin qui n'est pas avare de surprises et de chocs émotionnels.
Le scénariste livre en effet une conclusion forte, quelque peu dérangeante et amère, mais terriblement réussie. Contrairement à ce que pouvait laisser présager le ton parfois léger de la série (avec notamment le duo contrasté à la buddy movie, les vannes, et le graphisme, pas franchement "sombre"), ce final est une cascade de crochets au menton et de directs au bide, qui vous laissent sans voix, le souffle court et la gorge serrée. Du grand art.

L'intégrale des 60 épisodes de la série est disponible en cinq tomes de 320 pages, chez Urban Comics (28 euros pièce sauf le premier, à 22,50), le tout étant agrémenté de nombreux bonus.
Hautement conseillé.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un Vaughan parfaitement à l'aise sur ce récit fleuve.
  • Une thématique abordant de nombreux sujets de société.
  • Une conclusion couillue et émouvante.
  • L'humour.

  • Un style graphique souvent fade.