Tops et Flops 2017
Par
Petite sélection subjective et personnelle des réussites et échecs (critiques !) de 2017.

Pour l'occasion, me voilà avec un tas de Virgul d'or à remettre virtuellement. Dont mon préféré : le Virgul d'or des scénaristes qui sodomisent la logique et la vraisemblance. Oui, on s'est lâché un peu sur les dénominations. Mais commençons par les bonnes choses avec une série TV, un roman et un jeu de rôle.

-- Tops --

WestWorld
Dans la catégorie "adaptation d'un vieux film poussif qui se transforme en série originale et bien écrite", le Virgul d'or revient à WestWorld, un nouveau hit de HBO.
L'essentiel a été dit dans cet article, tout est excellent, que ce soit le casting, l'écriture, les décors, le concept passionnant flirtant avec la philosophie, et de vrais beaux moments d'émotion. Impossible de ne pas s'enthousiasmer pour ce parc fantastique (que l'on aimerait visiter pour de bon !) et pour les hôtes et leur destin romantique et cruel.
Une tuerie. Dans le bon sens du terme.
Si vous l'avez ratée, foncez, cette série est à découvrir absolument !




Blacksad - le JdR
Dans la catégorie "je fais un jeu de rôle à partir d'une BD anthropomorphique et j'exploite merveilleusement le concept pourtant pas évident", le Virgul d'or revient à Blacksad, édité par La Loutre Rôliste.
Bon, il existe deux écoles pour les JdR. Les joueurs qui privilégient la simulation, et ceux qui mettent plutôt en avant le roleplay et l'ambiance. Blacksad enchantera certainement les amateurs de la deuxième catégorie, tant son système de jeu est bien foutu et sert l'immersion. Le côté animal surtout, qui semblait être un peu superflu à première vue pour un JdR axé polar, permet au jeu de gagner en originalité, en "âme" et en fluidité.
En plus c'est joliment illustré et accessible. Un must.
Plus de détails ici.




La Nuit des Cannibales
Dans la catégorie "j'ai un titre qui fait penser à un truc gore mais en fait je suis un excellent roman fantastique et drôle", le Virgul d'or revient au très jouissif La Nuit des Cannibales, de Gabriel Katz.
Si l'on a l'impression au départ que l'on part dans un trip un peu dégueulasse, en réalité, l'auteur exploite très habilement le thème du changement de corps, installant rapidement une petite mythologie bien sympa et des personnages attachants (cf. la chronique complète).
C'est fluide, très bien construit et marrant.
Et on rappelle qu'être divertissant n'est pas une tare en littérature. C'est une compétence supplémentaire.





-- Flops --

Allez, on ne va pas se le cacher, si vous êtes là, c'est aussi pour la partie Flops, vous voulez du sang, des noms d'oiseaux, des grenades dans le slibard des nuisibles... eh bien, vous allez être un peu déçus, sauf pour le dernier, où vraiment, je me suis lâché. Mais gardons le meilleur pour la fin et commençons par...


Astérix et la Transitalique
Dans la catégorie "je suis une BD légendaire sous assistance respiratoire", le Virgul d'or revient à Astérix et la Transitalique. Pour être honnête, c'est un "petit" flop, parce que c'est tout de même en bonne voie et que tout n'est pas à jeter (cf. cet article), mais ça manque vraiment d'enjeux, le côté aventure est totalement absent, et la conclusion est naze. Ça fait quand même beaucoup.
Et en plus (oubli ou politiquement correct de merde ?), la page de présentation du village gaulois résistant face à l'envahisseur a été supprimée de la version papier (elle figure étrangement sur la version numérique).
Arf. Décidément, la tyrannie des "humanistes tolérants" est celle qu'il faut redouter le plus, il n'est de violence plus destructive que celle qui est exercée au nom du Bien. Ah ça dénonce grave, hein mon gaillard ?




Grave
Dans la catégorie "film de genre français qui veut tout de même jouer les films d'auteur avec des scènes inutiles et prétentieuses", le Virgul d'or revient à Grave, de Julia Ducournau.
Là encore, un "petit" flop, parce que ce long-métrage possède des qualités évidentes, avec une ambiance malsaine assez rare dans le cinéma français et des actrices livrant de belles prestations, mais que de défauts également !
Cadre mal employé, conclusion bâclée, scénario bien trop creux, trop d'éléments sont (largement) perfectibles pour que l'on ne soit pas déçu, d'autant que le côté scabreux et transgressif paraît parfois bien artificiel.
Topo complet ici.




Nintendo
Ah, on rentre déjà plus dans le dur là, avec, dans la catégorie "je suis une marque qui a fait rêver des générations de players du coup je crois que j'ai le droit de les enculer sans vaseline", la Mini SNES de Nintendo.
Seulement 21 jeux, avec des RPG en anglais, pas de possibilité d'en rajouter, des câbles trop courts, un système de retour au menu à la con, franchement, la liste des couilles est bien trop longue pour du Nintendo.
À savoir que la version crackée permet de résoudre les principaux problèmes. Mais c'est illégal. Mais en même temps, comme on l'a vu dans cet article, c'est un peu comme si le géant nippon avait collé un "crackez-moi !" sur le capot de son émulateur, bien trop radin en contenu pour pleinement profiter de l'effet nostalgie procuré par le retrogaming.




The Walking Dead - saison 8
Aah... on en arrive à la petite sucrerie de l'article, à sa raison d'être presque. Dans la catégorie "je sodomise la logique et la vraisemblance", le Virgul d'or revient au début de saison 8 de The Walking Dead.
Et là... on va la faire un peu longue. Parce que ça mérite qu'on s'y attarde. Sisi.

The Walking Dead en comics, ce fut le grand écart (cf. cet article), Kirkman réalisant l’exploit de passer du niveau chef-d’œuvre (les 60 premiers épisodes) à étron. Entre les invraisemblances, les idées gâchées, les répétitions et les inepties, la série était devenue l’ombre d’elle-même.
Par contre, la série TV se laissait regarder. Avec des hauts et des bas, bien sûr, tout n’étant pas parfait (cf. cet article sur les véritables et fausses incohérences, ce qui montre bien qu'il n'est pas question d'ergoter sur des détails), mais aussi avec de vrais bons moments, comme le début d’histoire d’amour (tragique) entre Daryl et Beth. Et puis la saison 8 est arrivée…

Je ne vais rien spoiler, je ne vais qu’évoquer rapidement deux ou trois scènes.
La plus merveilleuse est celle de l’épisode 1. 
Rick et ses troupes déboulent devant le repaire de Negan. Ils sont nombreux, bien armés, "protégés" (on y reviendra) derrière des boucliers, bref, quelle va être la réaction de Negan ? Il ouvre la porte et se pavane devant eux, à découvert, avec tous ses lieutenants. C’est déjà bien absurde. Quand des mecs arrivent pour te lyncher, tu ne sors pas le sourire aux lèvres et les mains dans les poches.
Mais le meilleur est pour la suite. Quand enfin, après des palabres interminables, Rick et sa petite armée décident d’ouvrir le feu, ils ratent tout le monde !
Ils sont une centaine, avec des fusils d’assaut, ils tirent sur des mecs à dix mètres, et ils n’en touchent pas un ?? On passe d’un extrême à l’autre entre les ahurissants tirs de précision à la Lucky Luke du comic (je déconne pas, regardez ça) et le feu d’artifice (qui ferait passer la scène dans Predator, où l’équipe de Dutch "déboise" la forêt, pour quelques déflagrations de pétards inoffensifs) qui épargne tous les méchants dans la série TV.


Negan et l'un de ses gentils lieutenants.

— Tiens, Negan, tu vas où ?
— Oh, il y a tout un régiment de types surarmés qui veulent me trouer la panse, je vais aller me pavaner devant eux la bite à l’air.
— Heu… t’es sûr que c’est vraiment une bonne idée ça ?
— Oh oui, j’éviterai les balles avec mon super-pouvoir : les scénaristes. 


Pareil ensuite lors d’une escarmouche entre le groupe d’Ezekiel et des Sauveurs. Ce putain de combat dure des plombes, alors que les mecs sont à cinq saloperies de mètres les uns des autres. Et alors que du 5.56 (la munition standard des fusils d’assaut occidentaux) ou du 7.62 (utilisée dans les Kalachnikov) transpercent facilement plusieurs millimètres d’acier, les mecs se protègent derrière… de la tôle ondulée et des tables !!
Mais… meeeeeeerde !!!!!
Et putain, pour l’éventuel abruti fini à la pisse qui est en train de se dire derrière son écran « meuuuh, mais c’est pas grave, il y a bien des morts-vivants, c’est pas réaliste de toute façon… », qu’il aille s’acheter un costume de cochon et se faire sodomiser par des péquenots consanguins dans les Appalaches !! Non ce n’est pas une insulte, c’est un conseil amical doublé d’une référence cinématographique.

C’est exactement comme pour le problème de téléportation idiote dans Game of Thrones, ce n’est pas parce que l’on est dans un univers fantastique, avec des éléments surnaturels, qu’on peut chier sur toutes les règles et vomir sur la logique. Si je suis à pied, à cheval ou en vélo, j’ai beau être dans un univers de fiction, je ne peux pas faire Brest-Strasbourg en cinq minutes (sauf si j’établis une règle permettant de le faire). Et je ne peux pas non plus me protéger des tirs nourris de dizaines de trous du cul armés de M-16, d’AK-47 ou de HK-53 en me planquant derrière un ours en peluche ou une glace à la pistache !! 
Merde et merde !!
Ces scènes sont tellement à chier qu’elles cassent toute l’intrigue. On ne peut pas s’intéresser à l’histoire ou ressentir une quelconque empathie si, à la place des personnages crédibles, on a l’impression de regarder les gesticulations pathétiques des auteurs qui se torchent le fion avec le scénario et pensent plus à ce qu’ils vont bouffer le soir en rentrant à la maison qu’à bâtir une intrigue qui tient debout !
Le pire c'est que ce qui ne va pas ne demande aucune compétence spéciale pour être corrigé, ni budget, ni talent, juste un peu de rigueur et de logique. Si tu tombes d'une falaise de 300 mètres, tu ne te relèves pas en faisant "aïe". Et si 150 mecs te tirent dessus avec des armes de guerre alors que tu es à 10 mètres en train de faire ton numéro avec ta batte, ben c'est pareil, tu as le bon goût de te faire transpercer la couenne et tu ne slalomes pas entre les balles comme si tu étais dans la Matrice ou dans un épisode de Walker, Texas Ranger ! Rhaa, putain !

Ah... ça fait du bien.