Super Dark Times
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Voilà un mélange des genres étonnant et réussi, oscillant entre drame et thriller, un film à ne pas rater : Super Dark Times.

Premier long-métrage de Kevin Phillips, qui a déjà pourtant de nombreux films à son actif, notamment comme directeur de la photographie, Super Dark Times, présenté comme un "Stand By Me des années 90", est une excellente surprise explorant le thème des adolescents confrontés à la mort.
L'histoire se déroule dans une petite ville américaine, où les journées semblent s'étirer, sans fin, pour Josh et Zach, des adolescents banals. Les deux amis passent le temps comme ils le peuvent, entre balades, jeux innocents et longues discussions sur les filles, notamment la jolie Allison.
Un jour pourtant, survient un accident. Stupide. Tragique. Inacceptable. Seulement, maintenant, il va falloir vivre avec...

Ce qui frappe en premier lieu est le soin tout particulier apporté à la photographie, magnifique, qui permet d'installer dès les premières minutes une atmosphère onirique à la fois douce et vaguement inquiétante. C'est donc visuellement chiadé. Le casting est lui aussi très bon. Les jeunes acteurs, que ce soit Owen Campbell, Charlie Tahan ou Elizabeth Cappuccino, sont parfaits en gamins tour à tour maladroits, drôles ou menaçants.
Et si les personnages sont bien écrits, c'est surtout l'intrigue qui se révèle surprenante. En effet, alors que Super Dark Times commence comme une sorte de drame intimiste un peu intello, le récit bascule brutalement dans le film de genre horrifique. Cette ambivalence est sans doute la principale qualité du film mais aussi son "défaut" majeur car cette approche atypique semble dérouter plus d'un spectateur si l'on en croit les réactions vues sur le net.


Maintenant, deux solutions. Soit pour vous un bon film c'est Fast and Furious 42 ou Les Tuches 17, et effectivement, ça risque de ne pas vous convenir, soit vous estimez que l'action insipide et les vannes de beauf écrites en cinq minutes sur un coin de table après le digestif, ça ne suffit pas pour bâtir un bon scénario, et vous pouvez alors sans crainte donner une chance à cet OVNI cinématographique.
La critique qui semble revenir le plus souvent dans le camp de ceux qui n'ont pas aimé concerne la supposée "lenteur" du début. Alors, oui, le réalisateur prend le temps d'installer les personnages, de créer une certaine ambiance, de soigner sa mise en place, mais ça n'est en aucun cas trop long ou ennuyeux. Au contraire, Phillips parvient à accrocher l'attention dès le départ, à intriguer, à créer de l'empathie, ce qui permet de rendre la suite efficace.

Et quelle suite ! Ce film démontre que l'on peut tenir un propos intelligent sans être chiant, mais aussi que l'on peut divertir sans tomber dans la facilité. Les auteurs, Ben Collins et Luke Piotrowski, peignent un tableau juste et contrasté de l'adolescence, avec ses craintes, sa violence et ses espoirs. L'allégorie, évidente, n'en reste pas moins habile. Ce passage de l'enfance à l'âge adulte ne s'effectuera pas sans heurts, tous changeront, tous évolueront, en bien ou en mal. Personne n'en ressortira totalement indemne. Des amitiés que l'on pensait éternelles se dissoudront dans le temps, la confiance que l'on pensait totale se parera de doute, les sentiments les plus purs se lézarderont telles des pierres soutenant depuis trop longtemps un poids trop lourd. Et si tous les enfants ne passent pas par cette étape mouvementée et glauque décrite dans le film, tous garderont des cicatrices, profondes, douloureuses, de cette période magique et terrible où... l'innocence s'en est allée.

Bref, un putain de bon film !



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un parti pris assez novateur, entre film de genre et film "d'auteur".
  • La prestation des acteurs.
  • La photographie, soignée et envoûtante.
  • Une écriture intelligente, notamment en ce qui concerne les personnages.

  • Un basculement dans la paranoïa et l'horreur que l'on aurait souhaité plus progressif.