Ars Magna, artbook dédié aux travaux de Yukito Kishiro
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Gally, l’héroïne cybernétique, orne la couverture d’Ars Magna, artbook consacré aux travaux de Yukito Kishiro. Elle nous fixe, les cheveux emportés par la déflagration de son corps, elle nous défie d’ouvrir le livre, de pénétrer dans l’univers de son auteur, de toucher les mécanismes de son intimité qu’elle nous dévoile.

Le recueil débute par l’œuvre la plus célébrée du mangaka : Gunnm où les couleurs traditionnelles côtoient les prémisses de l’utilisation des outils numériques. L’évolution de son graphisme est flagrante, entre les premières et les dernières pages : d’un style à l’encrage maîtrisé sentant bon les années 80-90, l’artiste se dirige vers une épure souple et synthétique, comme si Gally réveillée dans la noire Kuzutetsu (la décharge) se purifiait à son arrivée sur Zalem puis se conceptualisait dès son envol vers l’espace.
L’artbook enchaîne avec le très court et coloré manga Aqua Knight où le travail informatique domine. Tout est lumineux, à l’instar de l’histoire, récréative. Exit les cyborgs : une jeune femme rousse, faite de chair et de sang, et une orque sautent entre deux eaux.
La partie consacrée à Last Order — la suite des aventures de Gally — présente toute une galerie de portraits et quelques illustrations. La couleur informatique domine. Les progrès de l’auteur dans ce domaine se ressentent, mais la puissance de ses premières compositions s’amenuise. Elles demeurent efficaces, mais convenues. Il manque cette petite touche de ces débuts, dû peut-être à ses tâtonnements.
Quelques œuvres éparses, parfois anciennes et datées dans leurs styles typiques de la fantasy nippone constituent le quatrième segment. Elles permettent d’élargir la vision que l’on se fait de cet artiste, de ses tics de compositions, de dessins, de mise en scène.
Le maigre chapitre dédié à Gunnm - Mars Chronicle clôt ce recueil. L’histoire a débuté il y a à peine 2 ans au Japon.


Yukito Kishiro semble être un illustrateur peu prolifique : le livre n’est pas bien épais et quelques dessins supplémentaires sont présents sur son site internet. Cet artbook se penche tout de même sur un peu plus de 25 ans de carrière !
Ars Magna est l’adaptation française de son homologue japonais à quelques différences près : disparition de la langue anglaise (la version nippone est bilingue), papier plus souple. Le format de 210 mm x 297 mm est le standard pour ce type d’ouvrage. L’absence de sommaire est à déplorer.
Rejoignant tous les titres parus en français de cet auteur singulier, qu’on ne retrouve qu’au catalogue des éditions Glénat, Ars Magna propose une rétrospective des illustrations essentiellement issues des couvertures des mangas reliés et des cartes agrémentées de quelques croquis et planches couleurs. Une partie d’entre elles sont présentées en pleine page voire même en double page. A l’ouverture de chacune des cinq sections, Yukito Kishiro apporte quelques précisions sur sa manière d’exécuter et les médiums utilisés, bien que cela reste succinct. Il est dommage qu’aucune des techniques employées ne soit mentionnée dans les légendes accompagnant chacune des œuvres. On apprend ainsi que l’artiste n’apprécie plus ses premiers travaux sur Gunnm et pourtant ! Son graphisme et sa mise en couleurs sont plus percutants, avec une réelle sensation de profondeur et de matière qui sied à un monde mécanique, poussiéreux, rouillé, un monde d’huile et de machines.


Ce recueil accompagne la ressortie de Gunnm, première série avec une nouvelle traduction, des pages couleurs et dans le sens de lecture japonais, ainsi que le premier volume de Gunnm - Mars Chronicle qui s’intéresse au passé martien de l’héroïne.
Entre encre de chine, aérographe et pur numérique, Ars Magna est un artbook à réserver aux amateurs du travail de Yukito Kishiro. Les fans des univers SF et les curieux devront le feuilleter pour se faire une idée.

Ars Magna,  23.45 €, éditions Glénat

Galerie officielle  de l’auteur

+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Enfin un artbook sur Yukito Kishiro !
  • Le format

  • Yukito Kishiro n'est pas très bavard
  • Des pages supplémentaires auraient été les bienvenues