Step Back in Time #8
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Combats sanglants, comédie policière et internat british sont au menu de ce nouveau voyage dans le temps.

-- AMSTRAD : quand les barbares perdent la tête --

Retour dans les années 80 avec ce bon vieil Amstrad et Barbarian : The Ultimate Warrior, jeu également sorti à l'époque sur Commodore 64 et un tas d'autres bécanes.
Comme vous l'aurez aisément compris, nous sommes là dans de la baston bien virile, avec épée et sang qui gicle. De nos jours, les graphismes semblent dégueulasses mais à l'époque, c'était tout à fait correct.
Petit plus, Maria Whittaker, une jeune femme ayant certaines qualités esthétiques, figurait à moitié à poil sur la pochette. Pour une fois qu'un commercial a une bonne idée...

Niveau jeu, l'on dispose de quelques arènes (trois ou quatre décors basiques), d'adversaires très similaires (qui changent en fait de couleur de fringue ou de peau mais pas d'aspect) et d'un petit panel de techniques comprenant des roulades, coups de pied et coups d'épée à différents niveaux. Tout cela est rapidement répétitif mais totalement sublimé par l'idée centrale du jeu : la possibilité de décapiter son adversaire !
Et à l'époque, autant vous dire que les jeux où les têtes volaient dans une gerbe de sang étaient franchement rares (alors que pourtant, séparer la tête du reste de son corps reste encore le meilleur moyen que l'on ait trouvé pour faire taire un trou du cul). L'aspect tactique en est d'ailleurs impacté puisque l'on peut alors l'emporter de deux manières, soit en mettant les points de vie de l'adversaire à zéro, soit en le décapitant direct, bam !
Cette dernière technique, dangereuse aussi pour soi car lente (le barbare faisait un tour sur lui-même avant de trancher dans le vif), devait logiquement être réservée aux situations épineuses, lorsque l'on avait un grand retard au niveau des points et qu'on se décidait à jouer le tout pour le tout, mais la décapitation était si fun (le corps était ensuite évacué par un gobelin qui le traînait dans l'arène et shootait dans la tête) qu'il n'était pas rare de la tenter dès le début de l'affrontement, quitte à se faire laminer pendant que l'on avait le dos tourné.

Rien à voir donc avec un Tobruk 1942 ou un Who Dares Wins II, jeux sur lesquels l'on pouvait passer des heures. Barbarian était bien trop limité pour ne pas lasser rapidement malgré la possibilité de jouer à deux. Son côté gentiment gore et transgressif en a cependant fait sinon un incontournable du moins un jeu qui aura marqué les esprits.




-- SÉRIE TV : tandem sexy --

Si la carrière de Bruce Willis a franchement décollé après le premier Die Hard, l'acteur s'est surtout fait connaître à la télévision dans les années 80 avec son rôle de David Addison dans Moonlighting, ou Clair de Lune en VF.
Il y incarnait un détective privé roublard, charmeur et légèrement dilettante, obligé de faire équipe avec sa nouvelle patronne, Maddie Hayes, campée par la jolie Cybill Shepherd. Jusque-là, le pitch est classique, puisqu'il s'agit d'une série policière de plus, avec des enquêtes de 45 minutes. Pourtant, le charme des acteurs et quelques particularités ont réussi à faire de Moonlighting un rendez-vous culte.

Tout d'abord les scénaristes ont su faire preuve d'une certaine originalité, puisque les personnages n'hésitaient pas à briser le "quatrième mur" pour s'adresser directement aux téléspectateurs (de mémoire, pour leur souhaiter un joyeux Noël par exemple). Mieux encore, l'aspect fictionnel des aventures de David et Maddie était clairement revendiqué à l'écran, puisque les protagonistes pouvaient parfois commenter le scénario. Il arrivait également aux acteurs de quitter momentanément leurs personnages pour redevenir eux-mêmes, sans parler des éventuelles interventions de l'équipe technique. Ce ton particulier, associé à un humour constant, ont fait énormément pour l'attachement que l'on pouvait éprouver pour cette série ne se prenant pas au sérieux.

Le duo parfaitement équilibré, entre une Shepherd glamour et glacée et un Willis pétillant et sympathique, a fait le reste. La relation entre les deux personnages principaux constituait le fil rouge des saisons. La légende veut d'ailleurs que le désintérêt des spectateurs et la chute de l'audimat aient débuté après leur "passage à l'acte" si attendu. En réalité, ce fut des problèmes bien plus terre-à-terre qui compliquèrent le travail de la production pendant la saison 4 : grossesse de Cybill, emplois du temps compliqués, projets cinéma pour Bruce...
La qualité scénaristique et l'humour se maintinrent néanmoins jusqu'à la fin, la saison 5 se terminant de manière élégante par une touchante... éclipse de Lune.

L'ensemble peut se trouver en DVD à des prix disons... variables. Une belle Intégrale ne serait pas du luxe. Et pourquoi pas une rediffusion TNT, ça changerait de Friends en boucle.




-- ROMANS : pensionnat anglais --

L'on accueille aujourd'hui dans la rubrique un auteur hélas décédé mais carrément décoré de l'Ordre de l'Empire britannique. Si ça en jette pas ça !
Je veux bien sûr parler d'Anthony Buckeridge et de sa célèbre série de romans pour la jeunesse ; Bennett et Mortimer.

Contrairement au Club des Cinq, à Sans Atout (cf. SBiT #7) ou aux Michel, les Bennett ne mettent pas en scène de jeunes "détectives" surdoués mais des gamins a priori banals quoique légèrement turbulents (pour l'époque, de nos jours ils passeraient aisément pour des introvertis).
Les récits se déroulent en général dans le pensionnat de Linbury, dans le Sussex. Les deux protagonistes principaux, fort jeunes (11 ans), vont expérimenter diverses idées entre deux cours. Cela va de la partie de pêche à la construction d'une cabane, en passant par la publication d'une gazette ou l'adoption d'un cochon d'inde. Toutes ces expériences n'ont qu'un seul point en commun : elles mènent toujours à la catastrophe et aux pires ennuis pour les deux amis.

Facile à lire, souvent drôle, parfaitement adaptée aux jeunes enfants (8-10 ans semble l'idéal), la série a été adaptée en français par Olivier Séchan, écrivain et accessoirement père du chanteur Renaud. La traduction n'est pas mauvaise mais elle suit malheureusement deux modes nuisibles.
La plus ancienne, qui tend à disparaître, était la "francisation" du contexte. Par exemple, les enfants du Club des Cinq ont, en VF, des prénoms bien français et leurs aventures se déroulent sur le continent. Là, le contexte était si particulier qu'une telle adaptation aurait été difficile. Le pensionnat anglais a donc été conservé, par contre, plus étonnant, les noms anglais des protagonistes ont été transformés en... noms anglais jugés plus "familiers" pour un français. Jennings par exemple devient ainsi Bennett. Bon, la nécessité du changement n'est pas franchement flagrante. Ceci dit, cela n'empiète pas sur la qualité et la longueur des histoires, contrairement à la seconde habitude néfaste.

Toujours dramatiquement d'actualité (cf. cet article), la mode bien plus pernicieuse du charcutage et de l'élagage impacte durement la série. Même dans les éditions les plus anciennes, des pans entiers sont supprimés, car jugés trop longs ou typiquement trop anglais (incroyable que l'on puisse se dire que des éléments d'un récit se déroulant en Angleterre fassent trop "anglais"... l'éventuel dépaysement, très minime, fait pourtant partie du charme de l'ensemble).
Certaines coupes relèvent de la stricte censure et n'ont pour motif que le simple "politiquement correct" (châtiments corporels ou symboles religieux jugés déplacés dans une école). D'autres paragraphes sont amputés sans raison apparente, si ce n'est l'urgente nécessité de faire court et "digeste".

Bref, même si dans le cas de la littérature étrangère pour enfants, une "adaptation" est nécessaire (ne serait-ce que pour certaines expressions ou blagues), les coups de ciseaux sont tout de même trop nombreux pour conseiller la VF sans une petite mise en garde. Les éditions plus récentes semblent encore moins épaisses, j'imagine qu'en 2050, les romans pour enfants se vendront sous forme de flyers au train où l'on va. Étrange tout de même cette manie de vouloir attirer ceux qui ne lisent pas au détriment du plaisir et du confort de ceux qui lisent encore...

Ceci dit, si vous avez envie d'initier vos (jeunes) enfants à la lecture avec quelque chose de sympa et amusant, les Bennett devraient convenir. Ils ne sont pas réellement datés mais possèdent ce charme indicible d'une époque non pas seulement révolue mais romancée, c'est le cas de le dire. Rien de grave ne se passe jamais dans les Bennett. Les enfants ne sont pas violents entre eux. Tout est aseptisé, idéal, même les situations critiques ne le sont que gentiment. Une douce parenthèse dans la réalité. Une belle vision d'auteur. Voire même le beau rêve d'un adulte qui adapte aussi ses souvenirs, les élague, pour faire de l'enfance ces aventures sublétales et fantasques.