Downton Abbey, le fossé entre les classes
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Il y a pile un an se terminait en beauté la série Downton Abbey. Un long-métrage est en chantier pour ajouter un ultime épilogue à cette formidable série, écrite par Julian Fellowes. Une plongée fascinante dans l’aristocratie britannique du siècle dernier, du côté des maîtres et des domestiques. La différence de classes n’aura jamais été aussi élégante et passionnante qu’à travers cette série maintes fois récompensée.


Dans la très chic demeure de Downton Abbey (1) règne la famille Crawley, le comte et la comtesse de Grantham (un couple humainement bon et ses trois filles) ainsi que toute une armée de domestiques, eux-mêmes faisant partie d’une certaine hiérarchie (majordome, valet de pied, intendante, femme de chambre, cuisinier…). Les spectateurs découvrent, durant six saisons, les péripéties de ces nombreux habitants, de 1912 à 1926.

Ne pas se fier aux apparences : derrière les somptueux costumes et décors qui ornent chaque scène, c’est un formidable travail d’écriture pour chaque personnage qui apparaît au grand jour. Cela va des petits « complots » et autres manipulations entre protagonistes aux révolutions successives de l’époque (Première Guerre mondiale, essor d’un certain féminisme, avancées technologiques, crises économiques…), en passant par des relations amoureuses improbables (au premier abord) ou à de soudains décès.

On navigue avec une fluidité extraordinaire dans ce monde certes fictif mais parfaitement plausible et très inspiré du passé (bouleversement de la société anglaise, aspiration à davantage de liberté par la classe populaire, tournant historique de l'Angleterre...).

Le créateur de la série, Jullian Fellowes, est un fanatique de cette époque. Il avait été oscarisé en 2002 pour le scénario de Gosford Park. Il y écrivait déjà les relations entre maîtres et serviteurs, dans un film aux thématiques très similaires à celles de Downton Abbey. Ce romancier britannique a un tel niveau d’expertise dans le domaine qu’il a été anobli par la Reine d’Angleterre en 2011.

Outre le reflet d’une période quasiment révolue, la fiction a le mérite de traiter sur le même plan chaque être humain. Par exemple, c'est valable aussi bien pour un riche aristocrate qu’un « simple » chauffeur aux idées politiques totalement différentes.


Parmi les interprètes emblématiques de Downton Abbey, on retiendra Maggie Smith, délicieuse en grand-mère sournoise et taquine. Le reste du casting, très solide, invite quelques guests et dévoile une nouvelle génération de jeunes acteurs et actrices de talent, notamment Michelle Dockery.

La quatrième saison est sans doute la moins intéressante, la faute à un rythme devenu trop lent et à une diminution des rebondissements. Certaines évolutions de personnages sont un peu trop brusques voire peu crédibles (Tom) ou désespérément trop longues (Bates et Anna) mais cela n’enlève rien au plaisir que l'on a de suivre les tribulations des Crawley, de leur entourage et de la vie « alternative » du château (celle des domestiques donc, aussi prenante voire davantage que celle de leurs souverains). Pour tous les amoureux du genre et surtout ceux qui pensent, à tort, que cela ne les intéressera pas, jetez un œil à la demeure (disponible sur Netflix), vous allez être surpris...

Fiche technique
Créateur : Julian Fellowes
Nombres d’épisodes : 52 de 56 minutes (6 saisons)
Diffusion UK : ITV1 (26 septembre 2010 – 25 décembre 2015)
Distribution : Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Michelle Dockery, Laura Carmichael, Jessica Brown Findlay, Maggie Smith, Jim Carter, Phyllis Logan, Brendan Coyle, Rob James-Collier, Joanne Froggatt, Lesley Nicol, Sophie McShera, Siobhan Finneran,...

(1) La demeure de la famille Crawles existe bien, il s’agit du château de Highclere, en Angleterre. Plusieurs films ont été tournés dans ce superbe monument néo-jacobéen, comme Eyes Wide Shut. pour lequel Stanley Kubrick utilisa le très chic salon du château.

(Cet article est initialement paru dans le magazine Séries Saga #3, en juillet 2016.)



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • L'élégance et l'humour so british.
  • Un témoignage social important.
  • Une petite fresque historique sur de nombreux sujets (économie, mœurs, guerres, technologies, féminisme...).
  • Un casting impeccable.
  • Des décors et des costumes somptueux.
  • Maggie Smith.

  • Une série parfois trop lente.
  • Des sous-intrigues dispensables ou interminables.
  • Une saison en trop.